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Baccharis à Brennegi 28 oct 15 (1)

La problématique des espèces exotiques envahissantes en Bretagne

Les espèces exotiques envahissantes représentent l’une des 5 causes importantes d’effondrement de la biodiversité, avec le changement climatique, la surexploitation, la pollution et le changement des usages de territoires. Reconnaître leur impact et les identifier est donc très important afin de limiter leur propagation et de préserver, autant que possible, la biodiversité.

Qui sont-elles ? 

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des espèces animales ou végétales ayant été introduites, volontairement ou non, par l’humain sur un nouveau territoire et qui représentent aujourd’hui un risque pour les écosystèmes qu’elles habitent. 

En effet, ces espèces très compétitives ont tendance à accaparer une large part de l’espace et des ressources nécessaires à la survie des espèces indigènes voisines. Elles peuvent aussi les affecter plus directement, via la prédation par exemple. Leur évolution est donc à suivre de près pour pouvoir anticiper, ou tenter de réduire leurs impacts sur les écosystèmes qu’elles colonisent. 

Ainsi, les EEE sont considérées comme l’une des 5 causes principales d’effondrement de la biodiversité. Elles bouleversent des écosystèmes entiers et impactent fortement les espèces voisines. 

En 2014, l’Union européenne adopte un règlement relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes (1). En application de ce règlement, la Commission européenne établit en 2016 la liste des EEE préoccupantes pour l’Union européenne. Cette liste est régulièrement mise à jour par la Commission européenne. Sa dernière mise à jour date du 19 juillet 2022.   

Au niveau national, les listes qui définissent les espèces non indigènes susceptibles de porter préjudice aux milieux naturels sont adoptées par arrêtés ministériels. L’autorité administrative définit les mesures de prévention et de lutte contre ces espèces. Concrètement, elle peut procéder ou faire procéder à la capture, au prélèvement, à la garde ou à la destruction des spécimens selon les espèces. 

Plus localement, un inventaire officiel réalisé par le Conservatoire botanique national de Brest en 2016 a permis de décompter 645 espèces non indigènes en Bretagne dont 67 sont considérées comme invasives avérées. Cette liste est disponible ici

Il est très difficile de prédire d’une espèce non indigène qu’elle est invasive tant que ses impacts n’ont pas été observés. Certaines espèces sont donc considérées comme “à surveiller”, c’est-à-dire qu’elles présentes certains caractères communs avec les EEE, comme une forte compétitivité avec les espèces voisines et une grande capacité d’adaptation aux perturbations. Jusqu’à ce qu’une espèce surveillée engendre un effondrement de la biodiversité locale, celle-ci n’est donc pas considérée comme une EEE à proprement parler. 

Depuis la loi du 8 août 2016 dite “biodiversité”, il est expressément interdit d’introduire dans le milieu naturel, que ce soit volontairement, par négligence ou par imprudence, tout spécimen d’espèces animales ou végétales non indigènes et non domestiques (ou non cultivées pour le cas des espèces végétales) (2). En cas d’infraction constatée à ces interdictions, la sanction peut aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende (3).

Comment limiter la dispersion des EEE ?

Des formations sont mises en place pour les professionnels (production horticole, production animale, personnel communal, travaux publics, paysagistes…),  afin de les aider à identifier et gérer au mieux ces EEE et éviter leur expansion. Le contrôle peut commencer en appliquant des consignes simples comme nettoyer le matériel utilisé dans un milieu où se trouve une EEE avant de le réutiliser ailleurs

En effet, comme expliqué plus haut, la plus petite graine ou le plus petit œuf peut provoquer l’apparition d’une EEE dans un nouvel écosystème et donc favoriser sa dispersion. 

Cette possibilité de contamination est à prendre au sérieux par les professionnels mais aussi les particuliers : laver ses bottes ou son matériel de terrain entre chaque sortie permettra de limiter la dispersion de ces espèces. 

  

(1) Règlement (UE) n ° 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes.

(2) Article L. 411-5 du code de l’environnement.

(3) Article L. 415-3 2° et 3° du code de l’environnement.

Focus sur le Baccharis  : un envahisseur de la Bretagne

Lors de nos sorties et voyages, nous pouvons être amenés à transporter malgré nous des individus ou même des fragments d’espèces d’un milieu à un autre. Lorsqu’il s’agit du bon fragment (une graine ou une bouture par exemple) provenant d’une EEE, alors les risques peuvent se décupler. Certaines EEE ont été transportées d’un territoire à l’autre accidentellement, d’autres l’ont été volontairement

C’est le cas du Baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimiifolia) qui a été introduit en France à la fin du XVIIème siècle comme plante d’ornement. Aujourd’hui, il  colonise le littoral français et a la mauvaise tendance d’étouffer les paysages ouverts de marais littoraux. Il remplace ces habitats par des fourrés de baccharis et empêchant ainsi le développement des espèces voisines sans pour autant rendre de services écologiques notables. Par exemple, dans les roselières, en présence de baccharis, les végétaux locaux ne produisent plus autant de nourriture pour les oiseaux et les amphibiens qui finissent par disparaître de ces habitats. 

L’installation du baccharis est préoccupante sur le littoral morbihannais entraînant des problématiques importantes pour le département. On y comptait en effet jusqu’à 400 hectares de fourrés de baccharis, soit l’équivalent de près de 550 terrains de foot. Aujourd’hui, après de nombreux chantiers d’arrachage et une lutte constante contre l’EEE, le baccharis y est moins observé

Pour lutter contre l’expansion du baccharis, le Collectif Anti-Baccharis du Morbihan de Bretagne Vivante organise depuis plusieurs années des chantiers d’arrachage de la plante. Aujourd’hui, la commune de Séné peut se féliciter de s’être vue repérer et arracher au moins 500 000 plants de baccharis. Le combat est proche d’être gagné sous réserve de rester attentif à l’évolution de l’espèce.

Dans cette lutte, le collectif s’est associé au Lycée Jean-Guéhenno pour concevoir des outils, fabriqués par les lycéens et vendus par le collectif, pour arracher les souches de baccharis spécifiquement. En effet, les plants de baccharis doivent être arrachés à la base, avec leurs racines. Les couper ne sert à rien : les plants repoussent et produisent à nouveau des graines qui seront disséminées par le vent ou les marées. La taille des plants peut même parfois redynamiser la pousse. Il est donc nécessaire d’arracher la souche du baccharis pour lutter.

Vous souhaitez participer à la lutte contre l’expansion du Baccharis ? Vous pouvez retrouver tous les rendez-vous prévus par la Réserve Naturelle de Séné sur l’agenda de Bretagne Vivante

Dans les autres départements de Bretagne, la situation du baccharis est peu préoccupante puisqu’il y est présent en moindre quantité. Les proportions des forêts de baccharis ne sont pas très impressionnantes dans le Finistère et n’éveille donc pas beaucoup d’intérêt, contrairement à d’autres EEE, plus présentes, telles que l’Herbe de la Pampa par exemple, qui elle, y fait l’objet d’une lutte vigoureuse.

 

 

À lire aussi : le Bretagne Vivante Magazine n°38, rubrique Instant Nature

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