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ESOD

Renard, belette, corbeau, étourneau… Dites non à leur destruction avant le 6 juillet !

Le ministère de la transition écologique a ouvert jusqu’au 6 juillet une consultation publique concernant les espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts » ou ESOD (les anciens « nuisibles »). Ce sont le renard, la martre, la belette, la fouine, la corneille, le corbeau freux, la pie, le geai et l’étourneau. Ce projet autoriserait leur destruction par tir et par piégeage durant les trois prochaines années. Il autorise également le déterrage du renard, une pratique particulièrement cruelle.

Pourquoi faut-il se mobiliser contre ce classement ?

Ces espèces sont accusées de causer des dommages aux activités humaines, en particulier aux cultures et aux petits élevages. Dans les départements où elles sont classées ESOD, elles peuvent être détruites par tir après la fermeture de la chasse et par piégeage toute l’année, sans limitation de nombre, alors qu’on ne connaît pas toujours l’état des populations.

Or, le classement ESOD de ces animaux ne repose pas sur des preuves solides : les déclarations de dégâts ne sont pas vérifiées, l’identification précise de l’espèce est souvent impossible et l’estimation des coûts est très aléatoire. La prédation des petits carnivores, phénomène naturel, est considérée comme un « dégât » par les chasseurs qui voient les prédateurs comme des concurrents à éliminer. Enfin, lorsqu’il n’y a pas de dégâts constatés dans un département, l’espèce peut quand même y être classée ESOD au seul motif qu’elle serait « susceptible » d’en causer !

Si la loi oblige à mettre en œuvre des méthodes de prévention des dégâts (protection des élevages, effarouchement sonore, etc.), en pratique celles-ci sont rarement utilisées.

Les bénéfices apportés par ces animaux ne sont jamais pris en compte dans la balance. Ainsi, le renard qui rend service à l’agriculture – chaque renard consomme des milliers de petits rongeurs chaque année – est pourtant classé ESOD sur la quasi-totalité du territoire français.

Enfin, aucune étude ne démontre que ces destructions massives auraient un quelconque impact sur la quantité de dégâts. Au contraire, année après année, les mêmes dégâts sont constatés : des millions d’animaux sauvages ont été tués en vain (dont un million de renards, trois millions de corvidés). Devant ce gâchis, deux tiers des Français estiment aujourd’hui qu’il faut en finir avec le classement ESOD, comme le montre un récent sondage.

Parmi ces aberrations, la reconduction de la belette comme ESOD est un cas d’école : ce petit mustélidé (20 cm, à peine 100 grammes), incapable de commettre des dégâts sérieux, n’est classée que dans un seul département, celui du président de la Fédération Nationale des Chasseurs !

Comment participer à la consultation ?

Rendez-vous avant le 6 juillet 2023 sur la page web de la consultation pour avoir plus d’informations et postez votre commentaire sur la page prévue à cet effet. Il est important de personnaliser votre réponse et de ne pas faire un simple copier-coller des arguments proposés, sinon votre réponse risque de ne pas être comptabilisée lors de la synthèse de cette consultation.

Attention, le site du ministère est souvent surchargé : nous vous conseillons de rédiger votre contribution à l’avance, hors ligne, afin de ne pas perdre votre texte en cas de blocage du site web.

Que dire ?

Nous vous invitons à répondre défavorablement à la consultation.

  • La méthodologie utilisée pour procéder au classement est incohérente et infondée en raison de l’absence de données sérieuses sur la réalité des dommages, bien souvent insignifiants, imputés aux espèces présumées coupables et en l’absence de données fiables sur l’état réel des populations de ces espèces et leur dynamique (notamment concernant les mammifères).
  • Le « droit à détruire » des espèces est un non-sens écologique. Les dommages constatés devraient d’abord engendrer des solutions localisées dans l’espace et dans le temps, et non justifier une réponse massive concernant la totalité des individus d’une même espèce, comme c’est le cas aujourd’hui.
  • Aucune évaluation scientifique n’a été effectuée pour démontrer que les destructions de milliers d’individus de ces espèces permettent de réduire corrélativement les dégâts qui leurs sont imputés.
  • La Pie bavarde ou le Geai des chênes sont également accusés de s’attaquer aux œufs et aux oisillons d’autres espèces mais cette prédation naturelle n’est nullement responsable du déclin des populations d’oiseaux, qui est essentiellement dû à la perte d’habitat et la diminution de la nourriture causées par l’artificialisation et l’agriculture intensive.
  • Ces animaux sauvages jouent un rôle dans le fonctionnement des écosystèmes naturels, notamment sur le plan sanitaire : le Geai des chênes, le Corbeau freux, la Corneille noire, le Renard roux et la Martre des pins peuvent par exemple consommer d’autres animaux malades ou morts, limitant ainsi  la propagation de maladies et contribuant à maintenir un milieu en bonne santé. En outre, la prédation des rongeurs par les renards et les fouines permet la diminution du risque de transmission de la maladie de Lyme sur l’homme par les tiques qu’ils véhiculent.
  • Plusieurs ESOD sont de véritables auxiliaires des activités agricoles et forestières. En tant que prédateurs spécialistes des petits rongeurs (campagnols, mulots…), le Renard, la Belette, la Martre et la Fouine permettent de contenir les populations de ces espèces dans les parcelles agricoles. Par exemple, une Belette consomme en moyenne 630 rongeurs dans l’année et le Renard roux jusqu’à 5000.
  • Les corvidés (le Corbeau freux, la Corneille noire, la Pie bavarde et le Geai des chênes) participent également à la régénération de la végétation ainsi qu’à sa diversité en dispersant les graines qu’ils consomment. Le Geai disperse ainsi plusieurs milliers de glands chaque année dans la nature, ce qui en fait le premier planteur d’arbres de France !
  • Des solutions alternatives à la destruction existent et ne sont presque jamais mises en œuvre. Il est ainsi possible de concilier la présence de corvidés et les pratiques agricoles: enfouissement plus profond des semences, meilleure stratification du paysage rural (haies, structures boisées, perchoirs naturels pour rapaces, effarouchement…). Des solutions efficaces existent aussi pour limiter la prédation sur les volailles d’élevage (grillage à mailles étroites suffisamment haut et profondément ancré dans le sol, répulsifs, surveillance…).

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