Avec sa tête verte, un fin collier blanc et son bec jaune, tout le monde pense savoir reconnaître le Canard colvert, un des trois oiseaux d’eau les plus communs de la région avec la Foulque macroule et la Gallinule poule d’eau. Cela se complique toutefois avec sa cane, laquelle avec son plumage beige écaillé de brun foncé ressemble fortement à celle des autres femelles de canards.
Ce qui est moins connu, c’est qu’en été, après la période de reproduction, les mâles de colvert semblent disparaître puisqu’il semble ne plus y avoir que des femelles. Ce n’est en fait qu’une impression, car à cette saison, les canards prennent alors un habit particulier, appelé « plumage d’éclipse », très ressemblant à celui des canes. En quelque sorte, on pourrait dire que les mâles se travestissent pendant quelques mois ! À ce moment, on distingue les mâles adultes à la couleur de leur bec jaune verdâtre, (comme sur la photo) alors que celui des femelles et des jeunes est brun bordé d’orange.
Le plumage d’éclipse des mâles avec cette apparence beaucoup plus mimétique et discrète correspond à la période de la mue chez les anatidés qui est un moment critique dans le cycle de ces oiseaux. En effet, alors que la mue est progressive chez la plupart des oiseaux qui peuvent continuer à voler, ce n’est pas le cas chez les canards où la mue est simultanée. Ils perdent donc toutes les plumes du vol (les rémiges des ailes et les rectrices de la queue) et sont dans l’incapacité de voler pendant presque un mois. Les couleurs vives et brillantes du plumage nuptial si utiles pour séduire les femelles lors des parades deviendraient alors un dangereux handicap face aux prédateurs. Le comportement change également, les oiseaux fréquentent alors des milieux où la végétation aquatique est dense pour pouvoir s’y confondre.
À partir de septembre, et plus encore en octobre, les mâles de canards vont progressivement retrouver leur plumage nuptial. En période hivernale, il est même habituel de voir des parades et des couples déjà formés. Les oiseaux ont alors tendance à se regrouper sur les plan d’eau douce, aussi bien que dans les estuaires et baies abritées.
Les oiseaux bretons sédentaires sont alors rejoint par des migrateurs provenant de pays situés plus au nord est. En janvier, c’est ainsi environ 20 000 colverts qui sont recensés ces dernières années en Bretagne administrative, toutefois on considère la Bretagne historique, ce sont plus de 30 000 colverts qui hivernent dans la région.