23h30, à la recherche des rapaces nocturnes. Entre les hululements de la Hulotte, soudain un chant liquide, très pur avec de riches séries mélodieuses d’une grande clarté égaye la nuit. C’est l’alouette lulu (Lullula arborea). On ne saura si cette mélodie est émise d’un oiseau en vol ou perché. En effet, la lulu est la seule espèce d’alouette qui se perche volontiers en haut des arbres.
Plus petite que l’Alouette des champs, elle partage avec elle un plumage brun roux rayé de brun noir sur le dessus du corps. Les critères distinctifs sont sa queue courte aux coins marqués de blanc crème, une tache blanche et brun foncé visible aux poignets de l’aile et surtouts de longs sourcils blanchâtres se rejoignant sur la nuque pour délimiter la calotte ornée d’une faible huppe ainsi que ses joues brun roux entourées de blanc. A l’envol, la brièveté de sa queue, comparée à la largeur importante de ses ailes lui confère une silhouette trapue.
En Bretagne, elle est bien représentée en Morbihan, le centre et le sud de l’Ille-et-Vilaine et en Loire-Atlantique. Elle est sporadique ailleurs, et absente de l’ouest du Finistère ainsi que des îles.
L’Alouette lulu, espèce plutôt thermophile, recherche des milieux ouverts secs, ensoleillés. Se déplaçant beaucoup à terre où elle se nourrit, elle exige une strate herbeuse courte et discontinue. Mais, la présence de quelques arbres plus ou moins isolés, d’une haie vive ou de bordures forestières dont elle recherche un perchoir et l’abri lui sont aussi nécessaires. Une ligne électrique, des fils de clôture ou un poteau peuvent même lui suffire. Si elle fréquente les cultures, les prairies et les landes, plus riches en insectes et graines, base de son alimentation, sont privilégiées par l’Alouette lulu.
Le couple niche à terre, réalisant de deux à trois couvées de trois à quatre œufs en moyenne. Après 15 jours d’incubation, les jeunes, nourris par le couple, restent 9 à 14 jours au nid qu’ils quittent incapables de bien voler, mais bénéficiant de la vigilance du couple durant 15 jours.
Si la population bretonne semble sédentaire, on note cependant des observations d’oiseaux volant plein sud en octobre-novembre provenant probablement d’Europe centrale. De même des regroupements de 8 à 30 individus de fin janvier à fin mars traduisent les mouvements migratoires pré-nuptiaux.
En France les effectifs reproducteurs sont estimés, en 2000, entre 110 000 et 170 000 couples et elle décline légèrement. Inscrite à l’annexe I de la Directive européenne « Oiseaux », elle peut être menacée par la disparition des habitats hétérogènes dont elle a besoin. La simplification des paysages dans les zones d’agriculture intensive d’une part, ou l’abandon de l’élevage traditionnel et le boisement (spontané ou artificiel) des zones semi-ouvertes (causses, garrigues…) sont les causes principales.
Alors que cette espèce méridionale ne progresse pas vers le nord de la France comme on pourrait s’y attendre du fait du réchauffement climatique, en Bretagne, elle a nettement étendu sa répartition vers le centre Bretagne et le nord de l’Ille et Vilaine lors des dernières décennies.