Le parc éolien de la forêt de Lanouée, seconde plus grande forêt bretonne, est un projet porté par la société Boralex depuis 2012. Composé de 17 éoliennes mises en service en février 2023, elles ont été officiellement inaugurées en avril dernier.
Aujourd’hui, ce parc gagne le triste record du second parc éolien le plus mortifère de Bretagne. En effet, son implantation dans une forêt remarquable et patrimoniale de notre région est un danger massif pour la biodiversité, en particulier pour les chauves-souris. Bretagne Vivante et le Groupe Mammalogique Breton (GMB) alertent l’État depuis plusieurs années en vain, nos prédictions s’avèrent, encore une fois, justes.
Opposées à ce projet, les associations Groupe Mammalogique Breton (GMB) et Bretagne Vivante n’ont cessé d’alerter l’exploitant et les services de l’Etat sur l’incompatibilité de l’implantation de ce parc avec la préservation de la biodiversité. Malgré les contentieux engagés par Bretagne Vivante, le GMB et d’autres associations, les autorisations administratives ont finalement toutes été validées par le Conseil d’État, au terme d’un long combat juridique. Afin de suivre le projet et veiller aux intérêts environnementaux, Bretagne Vivante a accepté de participer au comité de suivi du site.
Selon Gwénola Kervingant, présidente de Bretagne Vivante :
“nous regrettons que l’exploitant ait persisté jusqu’au bout à engager la construction d’un parc éolien sur un site écologiquement sensible. La biodiversité ne devrait pas être sacrifiée à l’aune des objectifs de limitation du changement climatique, l’un ne pouvant pas aller sans l’autre. Nous avons tout de même accepté de suivre le projet pour veiller à la bonne prise en compte de la biodiversité”.
Nos associations viennent ainsi de recevoir les premiers rapports de suivis des impacts du parc sur la biodiversité : ils sont majeurs pour les populations de chauves-souris, notamment sur les pipistrelles, des espèces protégées. En effet, le suivi de mortalité a mis en évidence 48 cadavres de chauves-souris entre le 12 juin 2023 et le 25 septembre 2023 ce qui constitue une mortalité brute inacceptable. De plus, ces résultats sont très certainement minorés par la présence de charognards et d’une végétation forestière dense. Il est donc clairement établi que ce parc à l’implantation déraisonnable a tué plusieurs centaines de chauves-souris.
Ces chiffres sont intolérables pour les associations de protection de la nature qui œuvrent pour la préservation des chauves-souris dans un contexte d’effondrement de la biodiversité. Cette mortalité excessive est une perte sèche pour les populations locales déjà fragiles et peu denses.
Le parc éolien de la forêt de Lanouée figure ainsi, dès ses premiers mois de fonctionnement, au deuxième rang des parcs les plus mortifères en Bretagne (cumul des mortalités brutes) alors même qu’il fait l’objet d’arrêts nocturnes partiels des pales, mesure censée préserver ces mammifères volants.
L’implantation d’un tel parc dans un réservoir de biodiversité régional n’aurait jamais dû voir le jour. Les associations de protection de la nature s’y sont opposées dès le départ, en vain.
Ces mortalités prouvent à nouveau ce que nous soutenons depuis le début : l’implantation d’éoliennes en forêt est incompatible avec la préservation de la biodiversité et la conservation des espèces protégées, et ce, même avec des mesures de réduction (bridages et augmentation de la garde au sol à 60 mètres).
Nous rappelons que :
Le GMB et Bretagne Vivante demandent à ce que ce cercle vicieux soit cassé.
Pour Benoit Bithorel, président du Groupe Mammalogique Breton :
“les impacts majeurs d’une implantation d’éoliennes en forêt étaient bien connus. Les mortalités dramatiques observées en forêt de Lanouée prouvent que ces projets en forêt sont incompatibles avec la préservation des populations de chauves-souris. Il faut que ce triste exemple, qui aurait pu être évité, crée un précédent et que nous préservions nos massifs forestiers bretons du développement éolien”.
Pour que cesse immédiatement cette mortalité massive d’espèces protégées, nos associations demandent :
Bretagne Vivante et le GMB restent persuadés que la réponse aux enjeux énergétiques de la Bretagne passe par une véritable planification concertée sur le territoire des parcs éoliens en évitant les zones sensibles pour la biodiversité. En parallèle, il est impératif de mettre en place une véritable politique visant la sobriété énergétique.