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Article oiseau du mois

Qui est l’oiseau du mois ?

Bécassine sourde  (Lymnocryptes minimus)

Un drôle de nom

Dans le marais, Lymnocryptes minimus passe inaperçue. La plus petite des bécassines – à peine plus grande qu’une Alouette des champs – est particulièrement discrète, restant tapie dans la végétation du marais pour n’en sourdre qu’au dernier moment, comme si elle n’avait rien entendu venir. C’est ce caractère qui explique le qualificatif « sourde ». Lymnocryptes vient du grec limnè (limon, marais) et de kryptos (caché, crypté). Minimus vient quant à lui du latin et signifie « très petite».

Une identification

En vol on la voit le plus souvent de derrière et brièvement. Elle se distingue de la Bécassine des marais par sa petite taille, son vol silencieux et moins énergétique ainsi que son cri similaire mais moins puissant. Son bec est court, un peu plus long que sa tête, sa queue pointue dépourvue de blanc. On peut apercevoir un peu de blanc à l’arrière de l’aile et avec de la chance, ses bandes claires sur fond sombre. 

Posée, il n’y a plus de problème car elle est unique en son genre.

L’homochromie et le mimétisme de son plumage sont parfaitement adaptés à son environnement de vase sombre et de feuilles sèches. Contrairement à la Bécassine des marais, sa calotte est dessinée d’une seule large bande brun sombre (pas de raie médiane pâle). Sur ce fond sombre se découpent nettement 4 lignes longitudinales claires de couleur paille. Deux longues rayures couleur or bien visibles sont dessinées sur son manteau sombre, roux et noir aux reflets métalliques verdâtres, et deux latérales sur les scapulaires se prolongent en liserés sur les rémiges tertiaires. Sa poitrine et ses flancs sont fortement rayés (et non barrés comme chez la Bécassine des marais). Les pattes peuvent sembler jaunâtres, verdâtres plus ou moins grises.

Distribution géographique

La Bécassine sourde se reproduit du nord-est de la Scandinavie jusqu’à l’est de la Sibérie avec quelques populations isolées dans le sud de la Suède, le nord de la Pologne, le nord de la Biélorussie.
Elle hiverne depuis les Îles Britanniques vers le sud à travers l’ouest de l’Europe et la Méditerranée jusqu’à l’Afrique tropicale, et vers l’est à travers l’Asie, le Moyen Orient jusqu’au Vietnam et au sud de la Chine.

Comportement

Son trait de caractère majeur, c’est son extrême discrétion. En cas de danger, elle se plaque au sol, confiante dans le mimétisme de son plumage. Elle peut même se laisser approcher à moins d’un mètre. Contrairement aux autres bécassines qui volent en zigzag, la Bécassine sourde a un vol direct avec des battements rapides. Lorsqu’elle s’envole brusquement à la suite d’un dérangement, elle s’élève sous vos pieds, en voltigeant avec des battements hésitants, et se pose à nouveau après avoir parcouru une courte distance.

Quand elle se nourrit, elle agite le corps de bas en haut avec souplesse comme un jouet mécanique. On dit alors qu’elle « pompe ». Les vers de terre, les insectes et leurs larves, les petits mollusques terrestres ou d’eau douce sont la base de son régime alimentaire, qui n’exclut pas du végétal et des graines.

Hivernante et migratrice en Bretagne

Les adultes et jeunes muent en août et septembre, sur ou à côté de leurs aires de reproduction, avant d’entreprendre leur voyage vers les sites d’hivernage. La Bécassine sourde est uniquement migratrice et hivernante en Bretagne.

Lors de sa migration postnuptiale, elle traverse l’Europe de la mi-septembre à la mi-novembre sur un large front. La moitié de la population en provenance de Laponie et de Sibérie orientale hiverne depuis le nord-ouest de l’Europe jusqu’à la péninsule ibérique. L’autre moitié hiverne principalement en Afrique.

À titre d’exemple, la base « Faune Bretagne » a répertorié 352 données pour la période du 01/10/2021 au 28/11/2023 sur la période octobre-mars, principalement dans le Finistère (207 données soit 59% de l’ensemble), probablement en lien avec la pression d’observation sur les îles. Le Morbihan est second avec 84 données. On notera peu d’observations de plus d’un individu.

L’espèce quitte ses aires d’hivernage entre mars et la mi-avril. En dehors de la saison de reproduction, l’espèce demeure en grande partie solitaire.

Habitat

Elle se reproduit dans les marais, les plaines et vallées inondables, dans les grandes tourbières humides de la forêt boréale et dans les zones buissonneuses de la toundra. Hors période de reproduction, elle est présente dans une variété de zones saumâtres ou d’eau douce d’Europe de l’Ouest, des côtes méditerranéennes et d’Afrique subsaharienne. 

En hiver, on la trouve dans divers milieux saumâtres et d’eau douce, souvent une mosaïque de vasières humides et gorgées d’eau avec des touffes de végétation. Au passage, elle s’arrête volontiers dans de petits points en eau de taille ridicule qu’elle exploite minutieusement entre les touffes de graminées ou de carex.

Reproduction

La période de reproduction court de mai à début septembre. Les couples nichent souvent sur des radeaux tourbeux flottants et parfois au milieu des buissons. Les Bécassines sourdes pondent quatre œufs dont l’incubation pendant 21 à 24 jours est assurée par les deux partenaires. Ils donnent naissance à des pulli qui voleront à l’âge de 3 semaines en acquérant leur indépendance.

Menaces

La principale menace de la Bécassine sourde est la perte de son habitat à cause de la dégradation des zones humides. Elle est aussi chassée pendant la migration d’automne. Néanmoins, la Bécassine sourde est actuellement considérée comme non menacée.

 

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