Article de France Nature Environnement, dans son milieu naturel
Nous entendons et partageons le profond mal-être des agriculteurs et agricultrices, qui demandent à pouvoir vivre dignement de leur travail. Cette revendication est légitime. Des décennies de politiques agricoles libérales et de soutien au modèle agro-industriel majoritaire ont mené à des revenus structurellement bas, où la valeur ajoutée est captée par les intermédiaires au détriment des agriculteurs et agricultrices. Ce modèle repose sur l’exploitation des ressources et des femmes et des hommes qui travaillent pour produire toujours plus dans des conditions de vie dégradées, où ils sont surendettés et sous-rémunérés. Aujourd’hui, ce modèle est à bout de souffle, et détruit les écosystèmes nécessaires à l’agriculture de demain.
En encourageant une production destinée à l’export, reposant sur la compétitivité prix et les accords de libre-échange, il favorise les dépendances des agriculteurs aux industries de l’agro-alimentaire et à la grande distribution, ainsi que l’industrialisation des filières et la compétition entre agriculteurs et agricultrices du monde entier.
Les colères légitimes du terrain sont utilisées par la FNSEA pour remettre en cause les normes environnementales et la transition que nous défendons, et pour nourrir une fracture artificielle entre monde agricole et mouvements écologistes. Alors que le monde agricole subit de plein fouet les conséquences du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité, faire des normes environnementales le bouc émissaire de la crise du secteur est un non-sens dangereux. En effet, la transition agroécologique est la solution pour assurer la durabilité de l’agriculture et sa résilience face aux enjeux écologiques (sécheresses, effondrement de la biodiversité, épuisement des sols…) ainsi qu’aux crises géopolitiques.
Le gouvernement doit proposer un cap clair, pour aller vers une agriculture paysanne et agroécologique soutenue par de nombreux agriculteurs et agricultrices sur des fermes à taille humaine, produisant une alimentation sûre, diversifiée, durable et de qualité qui nourrisse réellement la population et assure un revenu décent aux personnes qui la produisent.
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Dans le cadre du plan stratégique de Bretagne Vivante, l’axe Agriculture & Biodiversité est majeur. En effet, les espaces agricoles représentent les 2/3 de la Bretagne. Alimentation, santé et biodiversité sont intimement liées. Aussi, Bretagne Vivante participera à l’évolution d’un modèle agricole vers plus de respect de la nature et d’intégration des processus écologiques dans la production agricole, au bénéfice commun du territoire et du citoyen.
Pour cela, l’association portera ses propositions et développera des actions avec les paysans/agriculteurs, mais aussi avec les collectivités, les organisations professionnelles agricoles, les entreprises agro-alimentaires et les organismes de formation.
Le modèle agro-industriel majoritaire est à bout de souffle : il surexploite les ressources (eau, énergie, intrants, sols) et les personnes qui travaillent pour produire toujours plus dans des conditions de vie dégradées, où elles sont surendettées et sous-rémunérées. Il est l’une des causes majeures de la dégradation de notre environnement (climat, biodiversité, eau, sol et air), alors que la production alimentaire a absolument besoin de ces ressources naturelles.
Cela se traduit par une baisse drastique du nombre d’agriculteurs et agricultrices au profit de l’agrandissement et la surcapitalisation des fermes restantes, rendues difficilement transmissibles. Cela accentue la spécialisation, rompt le lien entre le monde agricole et le territoire qu’il occupe et compromet la souveraineté alimentaire. Pourtant, des alternatives existantes ont fait leurs preuves : l’agroécologie paysanne et l’agriculture biologique redéfinissent notre rapport au vivant et répondent efficacement aux enjeux de climat et de biodiversité, tout en assurant la souveraineté alimentaire. France Nature Environnement liste 15 propositions pour accélérer la transition vers une agriculture respectueuse du vivant et assurant une juste rémunération aux agriculteurs et agricultrices.
– Proposition 1 : Lutter contre l’accaparement des terres et la concentration foncière
– Proposition 2 : Augmenter le nombre de fermes pratiquant l’agroécologie paysanne ou l’agriculture biologique
Le renouvellement des générations agricoles doit être l’occasion d’installer des porteurs de projets agroécologiques.
– Proposition 3 : Conditionner les aides à l’installation aux pratiques agroécologiques
– Proposition 4 : Aller vers la sortie des pesticides de synthèse
Les plans Ecophyto successifs n’ont pas permis d’engager la réduction de l’usage de pesticides en France, qui a même augmenté de 13% durant les 10 premières années du plan Ecophyto (2009-2019) malgré les quelques 500 M€ mobilisés. Pourtant, des scénarios montrent qu’il est possible de nourrir la population en se passant des pesticides.
– Proposition 5 : Protéger et partager la ressource en eau dans un objectif de sobriété et de souveraineté alimentaire
Face à une ressource en eau qui se raréfie, il faut adapter la demande d’eau à l’offre et non essayer de faire l’inverse.
– Proposition 6 : Maintenir et reconquérir la qualité des sols
– Proposition 7 : Reconnaître et soutenir financièrement les Organismes Nationaux à Vocation Agricole et Rural (ONVAR) et les organisations paysannes
– Proposition 8 : Défendre au niveau européen un encadrement des NTG au même niveau que les OGM
– Proposition 9 : Sortir de la production animale industrielle et soutenir l’élevage paysan
– Proposition 10 : accompagner la réduction de la consommation de viande
– Proposition 11 : Promouvoir l’alimentation en circuit court et de proximité
– Proposition 12 : Accélérer la transition de la restauration collective
– Proposition 13 : Encadrer les stratégies des acteurs privés pour rendre l’environnement alimentaire compatible avec la transition du système agricole et alimentaire
– Proposition 14 : Permettre un accès digne de toutes et tous à une alimentation durable et saine
– Proposition 15 : Refuser les accords de libre-échange qui imposent une concurrence déloyale aux agriculteurs et agricultrices