Rechercher
Article oiseau du mois

Qui est l’oiseau du mois ?

Pic cendré (Picus canus)

Speg louet

Pic cendré femelle © C. Stenger

Si la Bretagne a bénéficié de l’expansion de l’espèce vers l’ouest au cours de la seconde moitié du XXe siècle (entre 1950 et 1980), l’examen des cartes de répartition des trois atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne (1970-1975, 1980-1985 et 2004-2008) montre un déclin constant et alarmant de l’état de la population bretonne pour aboutir aujourd’hui à sa disparition. Le suivi des sites traditionnels de nidification n’apporte plus de données depuis 2010.

Avant d’aller l’observer dans d’autres régions, voici quelques informations sur ce pic très discret.

Description

Il est plus petit que son cousin le Pic vert (27 à 28 cm pour 120 à 160 g contre 30 à 37 cm et 180-220 g) et lui ressemble : un plumage verdâtre, une tache frontale rouge vif pour le mâle, entièrement grise chez la femelle et son croupion jaune. Le Pic cendré s’en distingue par deux caractéristiques à repérer : sa tête gris-cendre avec les lores noirs et un trail malaire noir partant du bec.

Pic cendré mâle © F. Pelsy

Répartition géographique

C’est une espèce paléarctique occupant une vaste aire de répartition de l’Europe jusqu’à l’est de l’Asie. En Europe, la sous-espèce nominale est présente de la Bretagne à l’ouest de la Sibérie et du sud de la Scandinavie à la Turquie. Absent des îles Britanniques et des côtes de la Mer du Nord, rare en Belgique, il ne niche ni aux Pays-Bas ni au Danemark et manque également de l’Allemagne du Nord à la Lettonie, et au sud de la Suède. Enfin, il est totalement absent de l’aire méditerranéenne, le nord de la Grèce constituant la limite sud de son aire de répartition européenne.

Tambourinage – Chant

Le tambourinage, entendu principalement en mars et avril, est fait de longues séries lentes et largement espacées. Le chant rappelle le rire du Pic vert descendant mais plus flûté, un peu plaintif et au rythme lent. On peut l’entendre principalement de début mars à mi-mai, mais des oiseaux non appariés peuvent chanter jusqu’en juin.

Ecouter le chant du Pic cendré

Habitat

Autant le Pic vert est un oiseau volontiers anthropophile, occupant parcs et jardins arborés dans et autour des agglomérations, autant le Pic cendré est strictement forestier, la présence d’arbres âgés, sénescents et de bois mort sur pied lui étant indispensable. Intimement lié au caractère ouvert du milieu, colonisant les hêtraies et chênaies de préférence claires. Les lisières forestières, les parcs voire le bocage constituent son habitat de prédilection. En France c’est un oiseau de plaines et de collines.

Comme tous nos picidés, le Pic cendré est sédentaire, pouvant passer toute sa vie dans le même massif.

Régime alimentaire

Moins myrmécophage que son cousin, son régime alimentaire comprend une grande diversité d’insectes (coléoptères, diptères) et leurs larves charnues, particulièrement les xylophages ainsi que d’autres arthropodes comme les araignées, les mille-pattes, etc.

Comportements

L’une des caractéristiques du Pic cendré est sa très grande discrétion. S’enfuyant silencieusement au moindre bruit suspect, il excelle à se dissimuler dans les fouillis des troncs et des grosses branches. En revanche, certains individus se laissent approcher à quelques mètres. En présence d’un danger réel ou supposé, la réaction normale de l’oiseau est de se figer contre le tronc, du côté opposé à la menace, posture qu’il peut conserver une demi-heure.

Enfin, le Pic cendré ne peut défendre la totalité de son vaste territoire – estimation d’un couple pour au minimum 100 ha – l’obligeant à de nombreux déplacements. Tous ces facteurs expliquent la difficulté à évaluer avec précision la population de Pic cendré au sein d’un massif.

Reproduction

Territorial et monogame, il se reproduit dans son domaine vital défendu par le mâle. La cavité de nidification, d’une trentaine de centimètres de profondeur,  présente un orifice sub-ovale de 6 x 5,5 cm et est creusée dans le tronc d’un feuillu mort ou en mauvaise santé entre 2 et 10 m de hauteur. L’excavation peut demander 15 à 21 jours de travail.
La femelle y pond en moyenne 8 œufs qu’elle incubera avec le mâle en alternance pendant une quinzaine de jours. Puis le couple nourrira les jeunes au nid par régurgitation pendant 3 semaines et continuera à les nourrir 3 autres semaines après leur sortie du nid jusqu’à leur émancipation.

L’âge d’accession à la reproduction est de 1 an.

La longévité maximale observée grâce aux données de baguage est d’environ 5 ans.

Répartition en période de nidification

En France, sa distribution se restreint désormais au domaine biogéographique continental. Les populations atlantiques sont morcelées et fragilisées (pas plus de 30 couples dans le Grand Ouest). L’espèce se maintient en Alsace, Auvergne, Bourgogne, Franche-Comté et Centre.

En 1980-1985, sa présence en Bretagne est révélée dans des futaies de feuillus de 48 mailles bretonnes, à l’est d’une ligne Quimperlé – Saint-Brieuc Il atteint sans doute alors son expansion maximale dans la région. En 2004 – 2008, l’espèce ne niche plus de manière certaine en Bretagne.

Les dernières observations ont été réalisées au printemps 2010 en forêt de Saint-Aubin-du-Cormier et en forêt de Villecartier (35).

Menaces potentielles

Les modifications de pratiques agricoles – la destruction du bocage, des bosquets, des forêts riveraines – et sylvicoles le privent d’habitats qu’il utilise, notamment dans l’ouest de la France. Les intrants utilisés en agriculture ont également un impact sur les fourmis, réduisant ses ressources alimentaires.

La sylviculture actuelle avec la fragmentation des milieux forestiers, le rajeunissement des surfaces étendues des vieilles parcelles en feuillus, l’abaissement de l’âge d’exploitation, la généralisation de la futaie régulière par classe d’âge, les enrésinements, la suppression des arbres morts ou sénescents lui sont également néfastes. Le nettoyage excessif des résidus de coupe et le broyage des souches sont défavorables au développement de l’entomofaune dont il se nourrit. L’ouverture de nombreuses routes forestières en multipliant les effets de lisière, enfin, faciliterait la colonisation des massifs forestiers par le Pic vert, susceptible de le concurrencer.

Statut juridique de l’espèce

Le Pic cendré est strictement protégé en France, et inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, et à l’Annexe II de la Convention de Berne.

Cette espèce est classée comme « Vulnérable » dans la liste rouge nationale et comme « Disparue au niveau régional » sur la liste rouge régionale

Voir aussi : Biodiversité en danger : 43% des oiseaux en Bretagne sont menacés

 

Les derniers articles