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Les orchidées de Bretagne : une merveille de biodiversité

Plus de 10 % des espèces des plantes vasculaires de la planète sont des orchidées. On en compte plus de 20 000 espèces ! Dans l’hémisphère nord, les orchidées colonisent presque tous les milieux jusqu’à l’Arctique.

Les orchidées en Bretagne et Loire-Atlantique

Plus de 145 espèces fleurissent en France, dont 34 en Bretagne. Relativement peu d’espèces s’épanouissent dans la région principalement en raison de la rareté des sols calcaires qui ont leur préférence. La Bretagne est, en effet, surtout constituée de terrains acides : schisteux, granitiques et gréseux.

Ces plantes vivaces peuvent être visibles toute l’année, leurs floraisons dépendent du cycle de vie de chaque espèce qui s’étale de mars à septembre. Se développant presqu’uniquement en prairies naturelles et très sensibles aux variations du milieu, les orchidées nous alertent sur les dégradations que subissent les habitats et plus généralement les espaces naturels.

Parmi les espèces d’orchidées bretonnes, les plus communes, on retrouve l’Orchis bouffon (Anacamptis morio), l’Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora), l’Orchis mâle (Orchis mascula) ou encore l’Orchis tacheté (Dactylorhiza maculata).

Ces plantes, souvent discrètes, nécessitent des conditions spécifiques pour fleurir : un sols jamais labourés et un humus pauvres en éléments nutritifs. Des milieux aussi différents que les pelouses calcaires des Côtes d’Armor et les tourbières du Finistère sont des habitats clés pour ces espèces dans notre région.

Sur les dunes de Keremma, dans le Finistère, 15 espèces d’orchidées colonisent les dépressions humides, près du littoral. On y trouve des orchis pyramidals (Anacamptis pyramidalis), des orchis à fleurs lâches, des orchis négligés (Dactylorhiza praetermissa) ou encore des listères à feuilles ovales (Neottia ovata) et des épipactis des marais (Epipactis palustris).

Une écologie complexe

Ophrys abeille (Ophrys apifera)

Les orchidées bretonnes présentent une diversité morphologique et écologique impressionnante. Leur succès repose sur des stratégies de pollinisation sophistiquées, impliquant souvent des interactions avec les insectes. Par exemple, l’Ophrys abeille (Ophrys apifera) attire les abeilles mâles en imitant l’apparence et l’odeur des femelles de leur espèce.

Des bio-indicateurs de l’environnement menacé

D’un point de vue scientifique, les orchidées sont des bio-indicateurs précieux de la qualité de l’environnement. Leur présence et leur diversité reflètent la santé des écosystèmes.

Aujourd’hui, l’agriculture intensive, la disparition des zones humides, la forte fréquentation touristique du littoral et le développement des friches boisées font peser une menace sur les prairies à orchidées.  La protection des habitats naturels est donc cruciale pour la préservation de cette richesse floristique.

Statut de protection

Selon l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), plusieurs espèces d’orchidées en Bretagne sont protégées en raison de leur rareté et de leur vulnérabilité. D’après la liste des orchidées signalées en Bretagne et Loire-Atlantique et leur statut de conservation (méthode UICN) de 2015, 3 espèces sont classées “en danger critique” en Bretagne et 4 en Loire-Atlantique.

Malaxis des tourbières
Hammarbya paludosa

Ainsi, Malaxie des marais (Hammarbya paludosa), pionnière et emblématique des tourbières acides à sphaignes, est classée “en danger critique” en France par l’UICN et est devenue l’une des orchidées les plus rares et menacées de France. La Bretagne abrite une part importante de sa population (40 % en 2009), sa responsabilité est donc majeure.

Néotinée brûlé (Neotinea ustulata) ©S. Filoche – INPN

Aussi, la Néotinée brûlé (Neotinea ustulata) est classée comme “Quasi-menacé” sur la liste rouge des espèces menacées.
D’autres, comme l’Ophrys abeille, bénéficient d’une protection au niveau national. Cette protection implique l’interdiction de la cueillette, du transport, de l’utilisation et de la vente des plantes sauvages, afin de préserver les populations naturelles.

En Bretagne et  Loire-Atlantique, des efforts de conservation sont mis en place pour protéger ces plantes. Les bénévoles de la réserve associative de Saffré (44) ont réalisé en juin un inventaire botanique permettant d’évaluer les populations et d’adapter les mesures de gestion.

Efforts de conservation : zoom sur la réserve associative de Saffré (44)

La réserve associative des Perrières à Saffré (44), gérée par Bretagne Vivante, fait 2,6 hectares et est composée d’une peupleraie et de trois prairies naturelles luxuriantes.

Ces prairies abritent de rares espèces de fleurs fines et délicates : des orchidées sauvages. On en dénombre 10 espèces : Orchis pyramidal, Orchis de Fuchs, Orchis hybride, Orchis incarnate, Épipactis des marais, Orchis bouc, Ophrys abeille, Orchis mâle, Platanthère verdâtre et la Grande Listère.

Ces merveilles d’évolution ne poussent que dans un seul endroit en Loire-Atlantique, dans la réserve des Perrières, à la faveur d’une lentille calcaire . Il s’agit d’un petit bassin, en forme de lentille et d’environ 500 mètres de diamètre, où s’est accumulée l’eau avant de se transformer en calcaire. Ces orchidées aimant les sols pauvres, elles y ont trouvé le site propice pour s’y développer.

Les bénévoles et botanistes de Bretagne Vivante veillent sur ces délicates et fragiles fleurs. En juin, ils ont ainsi organisé, comme tous les ans, un comptage détaillé des espèces présentes sur le site.

Leur rôle est à la fois de faire connaître, de sensibiliser et de protéger la nature. Cela passe par un réseau constitué de 135 sites naturels, dont 25 en Loire-Atlantique », explique la Saffréenne Nelly Guibert, une des deux conservatrices bénévoles du site des Perrières à Saffré.

Le nombre d’orchidées était en forte baisse dans les trois clairières de la réserve : 901 pieds dénombrés, contre plus de 3 000 pieds certaines années.

Cette diminution du nombre de pieds d’orchidées est attribuée aussi bien à l’invasion du brachypode penné (plante invasive) qui étouffe les peuplements d’orchidées, qu’au ruissellement ou aux vents portant les intrants azotés.

« Il nous faudra trouver des solutions pour ces parcelles, concernant la fauche annuelle, ou le défrichement de la parcelle la plus récente. Heureusement que le lycée de Briacé nous donne un coup de main régulièrement, car malgré l’aide de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) et le partenariat avec la ville de Saffré, nous n’avons pas les moyens d’entretenir les parcelles », regrette Nelly Guibert, conservatrice bénévole de la réserve.

Pour préserver les populations d’orchidées sauvages, il est nécessaire de stopper tout traitement chimique et de préserver les espaces naturels en stoppant l’artificialisation des terres et des prairies. Des techniques de fauche tardive ou de gestion des espaces naturels sont aussi un enjeux.

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