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oiseau du mois

Qui est l’oiseau du mois ?

Milan noir (Milvus migrans)

Milan noir – © Y. Blat

Description de la famille 

Les accipitridés sont une famille de rapaces diurnes présents sur tous les continents, sauf l’Antarctique et ont en commun :

  • un dimorphisme sexuel, le mâle étant plus petit que la femelle, 
  • une vision binoculaire importante, permettant un repérage efficace des proies,
  • un bec dont la mâchoire supérieure est recourbée en crochet apte à déchirer des chairs,
  • des pattes munies de 4 doigts aux ongles longs, recourbés et acérés, capables de capturer une proie. 

Dans nos régions

Espèce polytypique de l’Ancien Monde, la sous-espèce « migrans » se reproduit dans toute l’Europe sauf en Angleterre, au Danemark, dans les pays scandinaves et les îles méditerranéennes.  En France, il est assez commun et largement présent, moins fréquent en zone montagneuse et absent de Bretagne Nord et centre, de la Normandie, des grandes plaines agricoles du centre et du nord de la France. 

En Bretagne, sa présence en tant que nicheur est uniquement le littoral sud du Morbihan, la Loire-Atlantique et les marais de Redon.  

Pas si noir…

Une envergure de 135-155 cm et un poids variant de 650 g à 1 kg, c’est un rapace de corpulence moyenne, supérieure à celle d’une Buse variable.

Il est effectivement noir quand on le voit évoluer dans le ciel mais de près, il en est tout autre.  Sa tête d’un gris clair, parfois ornée d’un léger masque noir au niveau de l’œil, tranche avec son plumage brun assez uniforme qui présente cependant des zones plus claires sur les couvertures et une tâche brun-crème en dessous de l’aile au niveau des rémiges primaires. Une légère teinte grise sur la poitrine et rousse sur le bas-ventre peuvent apparaître chez certains individus.

Sa queue légèrement échancrée, moins marquée que celle du Milan royal, arbore un bord de fuite presque rectiligne une fois ouverte. Celle du Milan royal, en revanche, montre toujours une échancrure en V caractéristique. Enfin, le bec est noir, l’iris jaune clair, la cire et les pattes jaunes.

Un maitre planeur

Au vol, la silhouette est un critère important. Le Milan noir a les ailes coudées, légèrement tombantes en vol plané comme tous les milans mais la queue étalée est triangulaire. 

C’est un artiste du vol à voile et du vol plané qu’il utilise chaque fois que possible, soit en vol d’exploration scrutant le terrain, soit en migration. La forme et la couleur de la queue permettent de s’assurer de l’identité du planeur. Les ailes étant moins longues que celles du Milan royal, les battements sont un peu plus rapides. 

En mars, de retour de migration, il entame avec sa partenaire le vol nuptial : vrilles, piqués vertigineux sur son conjoint qu’il évite au dernier moment, remontées en chandelle, chutes en feuille morte, les serres accrochées à celles de sa partenaire, sont autant d’évolutions qu’il accomplit pour séduire.

Habitat

Le Milan noir est un ubiquiste sur le territoire qu’il occupe, présent à peu près partout en plaine et en moyenne montagne.  Deux exigences sont nécessaires pour sa présence :

  • des milieux ouverts et humides pour la recherche de nourriture ;
  • des milieux fermés de type forestier avec de grands arbres pour nicher.

 

Alimentation, mode et régime

C’est un opportuniste mettant à son menu une diversité de proies mortes ou vivantes : poissons récupérés sur les lacs ou cours d’eau, mais aussi rongeurs, petits reptiles, batraciens et insectes. Sa prédilection pour les poissons morts l’inféode à la proximité d’un espace aquatique. Dans les prés juste après les fauches, il n’est pas rare de le voir en survol au-dessus des champs, profitant des petits rongeurs ou insectes qui ont perdu leur couvert végétal.

Souvent commensal de l’Homme, il est aussi chapardeur et peu exigeant, profitant largement des déchets de l’activité humaine. Sa capacité d’adaptation nutritionnelle est un atout certain qui lui donne une certaine résilience.

Il n’est pas rare de croiser cet oiseau aux abords des villes , près des décharges où il se nourrit d’animaux morts et de déchets consommables, jouant ainsi, à l’instar des vautours, un rôle sanitaire important, en éliminant les bactéries susceptibles de transmettre des maladies.  

Plutôt grégaire sur les lieux de nidification et durant les migrations, il reste solitaire ou en couple lorsqu’il est à la recherche de nourriture. Sa sociabilité le pousse également à se retrouver dans des dortoirs pouvant accueillir un nombre important d’individus.

Reproduction et nidification

Il est monogame. Suivant les conditions du milieu, il niche soit isolément, soit en colonies lâches, ce qui est souvent le cas au bord de l’eau. La construction de l’aire à la cime d’un arbre en lisière de forêt, pour la facilité d’accès, va occuper le couple tout au long du mois d’avril. Massive et ramassée, l’aire est reconnaissable aux matériaux visuels inclus systématiquement tels le papier, le plastique, les tissus, les peaux. 

 

Dès fin avril la femelle pond 2 à 3 œufs. Le mâle la ravitaille au nid pendant la couvaison. Puis il apporte les proies lorsqu’elle s’occupe des oisillons, prend soin d’eux et monte la garde. Les premiers jeunes volants s’aventurent hors du nid vers la mi-juillet.
Puis, le grégarisme jouant, les oiseaux vont se regrouper dans des endroits stratégiques où ils prépareront le départ en migration toujours précoce chez cette espèce. En fait, il ne passe que 4 mois en France.

Sa première nidification en la Bretagne administrative date de 1979.

Migration et trajet migratoire

Visiteur d’été de mars à septembre, le Milan noir porte bien son nom de Milvus migrans. Dès la mi- juillet, il retourne en Afrique tropicale, du Sénégal au Kenya. Il y restera jusqu’à son retour vers les zones de nidification entre début mars et fin mai. Les vols comptabilisés à Organbideska montrent sa forte sociabilité en migration comme ce flot continu de 2 800 individus en 3/4 d’heure en juillet 2022.

Trois types de voies migratoires sont empruntées. Les oiseaux d’Europe de l’Ouest gagnent l’Afrique par Gibraltar ; une partie des oiseaux d’Europe Centrale traverse la Méditerranée entre la Sicile et la Tunisie ; les oiseaux d’Europe de l’Est et de Russie passent de part et d’autre de la mer Noire..

Données des trois principaux sites de migration en France

La migration de l’espèce est connue depuis plus de 44 ans grâce aux comptages sur 3 sites français qui dépassent la barre symbolique des 10 000 Milans noir : le col d’Organbidexka dans les Pyrénées (41 974 individus en 2022 dont 7 847 le 31 juillet ), le défilé de l’Ecluse en Haute-Savoie (11 413 en 2011) et Creste en Auvergne (10 204 individus en 2011).  Ces sites connaissent une fréquentation exponentielle En migration postnuptiale

Le Milan noir est l’un des premiers rapaces à quitter ses territoires de nidification dès la dernière décade de juin. Le passage culmine fin juillet / début août pour s’achever vers la mi-septembre comme le montrent les suivis au col d’Organbidexka où 10% des individus sont déjà passés au 26 juillet, 50% au 6 août et 90% le 19 août. 

En migration prénuptiale

Les premiers retours sont notés au début de février. La plupart des immatures (2ème année calendaire) bagués en Europe centrale passent l’été en Afrique du Nord et en Europe du Sud. Les immatures qui remontent, restent principalement en Espagne.

Tendances

En France, l’espèce est en augmentation depuis les années 1950-60, tendance confirmée par les comptages à Organbidexka, où les effectifs migrateurs ont été multipliés par 15 entre 1981 et 2004. En Europe de l’Est, l’espèce montre un déclin assez marqué, entre 1970 et 2000

En Europe sa population est stable et en France métropolitaine son statut de préoccupation mineure (LC) est plutôt encourageant avec une tendance à la hausse des effectifs confirmée par le MNHN qui recense une “augmentation modérée” avec une variation de 117% sur la période 2001-2019.

En Bretagne, l’espèce est en augmentation depuis les années 1970. La dernière enquête (2004-2008) estime 190-250 couples nicheurs dont 150 à 200 couples en Loire-Atlantique mais il est toujours absent du Finistère et des Côtes d’Armor.

Menaces potentielles

La diminution des zones humides pour sa reproduction est un frein à l’évolution des populations.

Le déclin de la population européenne en fin de 20e siècle est liée à la consommation de proies empoisonnées ou contaminées par divers pesticides agricoles. Compte tenu de son régime charognard. des cas de collisions routières sont recensés. L’électrocution liée aux transformateurs aériens des lignes à moyenne tension sont encore assez nombreux.  

Protection

Espèce protégée, inscrite sur l’annexe 1 de la directive Oiseaux.
Pour l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), il est classé en “Préoccupation mineure” (LC).

Le  saviez-vous ? 

Le nom anglais du Milan noir est Kite, mot dont la signification commune de cerf-volant renvoie bien à sa capacité de planeur. C’est aussi le diminutif de kitesurf et le nom d’une marque de matériel optique !

En archéologie, les fouilles de ces dernières années ont révélé que les kites étaient des « mégapièges », des nasses de pierre permettant de rabattre le gibier vers une extrémité close entourée de fosses, « où les animaux terminaient leur voyage », dit Rémy Crassard. — (Hervé Morin, Les chasseurs du néolithique dressaient des plans de pièges monumentaux)

 

 

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