Après plusieurs mois de débat public et une forte mobilisation des associations de France Nature Environnement (FNE), dont Bretagne Vivante avec FNE Bretagne, l’État publie enfin sa décision sur l’avenir de la planification spatiale maritime. FNE décrypte les implications de cette décision pour la transition énergétique et écologique.
Décision de l’État sur la planification spatiale maritime : de quoi parle-t-on ?
La loi relative à l’accélération des projets d’énergie renouvelable (APER) de mars 2023 a fusionné les procédures de participation du public concernant les documents stratégiques de façade et les projets d’éolien en mer. À la suite de cette loi, un débat public national sur l’avenir de la mer a été organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP).
Le 18 octobre 2024, l’État a dévoilé une cartographie des zones prioritaires pour le développement de l’éolien en mer et la protection forte du milieu marin. L’État et le réseau transport électricité (RTE), responsables de la maîtrise d’ouvrage, ont également publié un rapport à destination de la CNDP pour faire le point sur les enseignements tirés du débat et répondre aux questions soulevées.
FNE fortement mobilisée aux côtés de ses associations, a défendu une planification spatiale maritime intégrant les enjeux de transition écologique et énergétique. Nous avons porté plusieurs demandes clés concernant l’éolien en mer, les aires marines protégées, la protection forte, les impacts cumulés et la réduction des pressions sur les écosystèmes marins.
FNE analyse la récente décision de l’État concernant la planification spatiale maritime, qui inclut des zones prioritaires pour l’éolien en mer et des zones potentielles de protection forte pour le milieu marin.
À retenir
Points positifs :
- Les efforts de l’État pour avancer vers la transition énergétique
- L’exclusion des aires marines protégées des zones prioritaires pour le développement de l’éolien en mer à horizon 10 ans.
Points de vigilance :
- Le chevauchement des aires marines protégées et des zones prioritaires pour l’éolien en mer à horizon 2050
- La couverture insuffisante du milieu marin en protection forte sur les façades maritimes
- Les faiblesses de la protection forte française par rapport à la protection stricte européenne
- L’absence de la question des impacts cumulés dans la décision de l’État.
Quelles sont les implications de cette décision ?
Éolien en mer
L’État a publié une cartographie des zones prioritaires pour l’éolien en mer, avec des perspectives à 10 ans et 2050. En annonçant le lancement prochain d’un appel d’offre national pour une puissance totale de 8 à 10GW à horizon 10 ans et en identifiant des zones prioritaires pour l’éolien en mer assorties d’aires d’études pour le raccordement des parcs, il confirme la trajectoire annoncée pour le développement de l’éolien en mer. Il précise également le volume des projets et vient intégrer les enjeux de raccordement. L’État mise sur l’éolien flottant, permettant d’éloigner les parcs des côtes, comme recommandé par la CNDP, mais avec des coûts potentiellement plus élevés que ceux des technologies posées.
- FNE accueille favorablement ces efforts de planification, qui constituent une étape importante pour la transition énergétique.
- Le brouillard persiste cependant sur la façade Nord Atlantique Manche Ouest pour laquelle seules des zones indicatives de poursuite de la concertation ont été retenues et où les objectifs de développement de l’éolien en mer ont été revus à la baisse. Ce manque de visibilité est le résultat de la soumission très tardive des cartes au public pendant « La mer en débat » et des zones très (trop) larges d’exclusion de l’éolien en mer au profit d’autres activités.
Aires marines protégées (AMP)
Pendant le débat public, FNE a fortement insisté pour exclure tout développement de l’éolien en mer dans les aires marines protégées tant qu’il n’est pas démontré que ces zones sont indispensables pour atteindre les objectifs énergétiques.
Pour son analyse, FNE tient à distinguer les zones prioritaires pour l’éolien en mer selon deux échéances :
- À horizon 10 ans : Les zones prioritaires pour le développement de l’éolien en mer ne chevauchent pas d’aires marines protégées sauf en Méditerranée.
- FNE constate avec soulagement que l’État a su tenir compte des observations du public et fait évoluer certaines des zones initialement envisagées pour l’éolien en mer à horizon 10 ans et ainsi pris en compte les enjeux de biodiversité. Sur la façade Méditerranée, si des contraintes techniques empêchent le développement de l’éolien en mer hors Natura 2000, les associations de FNE regrettent que l’État n’ait pas attendu les retours des études sur l’état initial de l’environnement et des parcs pilotes pour désigner ces zones.
- À horizon 2050 : Les zones prioritaires pour le développement de l’éolien en mer chevauchent des zones Natura 2000 et des parcs naturels marins (le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale et le parc naturel marin du Golfe du Lion).
- FNE regrette que ces zones soient retenues mais rappelle qu’elles feront l’objet de nouvelles consultations lors de futures mises à jour des documents stratégiques de façade. De plus, ces zones seront également soumises à des études complémentaires.
Pour Christophe Le Visage, copilote du réseau Océans, mers et littoraux de FNE : « Le choix des emplacements des parcs éoliens en dehors des aires marines protégées est essentiel. Cela permet de mieux appliquer la séquence « éviter, réduire, compenser » et de limiter ainsi les impacts de l’éolien en mer sur la biodiversité marine. »
Découvrez la carte de FNE réalisée grâce à Géolittoral. Elle superpose les zones prioritaires pour l’éolien en mer et les aires marines protégées.