Il existe deux sous-espèces de Tarier pâtre :
La France accueille les deux sous-espèces présentent dans l’ouest paléarctique. L’espèce est largement distribuée et occupe 95,8 % du territoire.
Petit turdidé au dimorphisme sexuel assez marqué, d’une longueur d’environ 12,5 cm pour un poids de 15 g environ, il a la taille et l’allure d’un rouge-gorge. Le mâle en plumage nuptial est bien contrasté et très reconnaissable. Une tête assez volumineuse plutôt noire, le dos et le dessus des ailes noirs contrastent avec les teintes rougeâtres parfois délavées de sa poitrine tirant alors vers le roussâtre. Un demi-collier blanc remontant sur la nuque justifie le nom d’espèce. La poitrine et les côtés du corps sont roux. Les sous-caudales sont blanches. Le croupion est chamois et une tache linéaire blanche plus ou moins marquée au niveau des couvertures alaires.
La femelle est beaucoup moins contrastée et apparaît brune. Le dessus est semblable à celui du mâle mais la poitrine est légèrement orangée. Le demi-collier est nettement moins marqué, plus pâle et remonte moins haut sur le cou. La tache blanche sur les couvertures alaires est discrète.
L’adulte en plumage post-nuptial devient plus terne : le noir des mâles est moins soutenu, la couleur orangée de la poitrine est délavée, le demi-collier et les taches alaires blanches sont très réduits chez les deux sexes. La femelle a un aspect brun uniforme, nuancée de gris, ce qui peut parfois rendre son plumage insipide à cette saison.
Les juvéniles présentent un dessus brun noir fortement tacheté de blanchâtre et de roux, les sus caudales sont rousses, le dessous est jaunâtre marqué de noir, le miroir blanc est très restreint chez le mâle, absent chez la femelle.
Le plumage des oiseaux de premier hiver ressemble à celui de la femelle adulte, sans collier, le croupion chamois étant tacheté de noir.
En toutes saisons, l’espèce, caractéristique des milieux ouverts ou semi-ouverts cultivés ou non avec quelques buissons, habite différents milieux en Bretagne. Il est ainsi présent aussi bien dans les milieux secs qu’humides : en bordure de mer dans les dunes à ajoncs et petits buissons, dans les landes, les milieux rudéraux, les friches, les bordures des grands marais, les tourbières, les prairies, les jeunes stades forestiers, les linéaires de voierie (bords de routes, de voies ferrées et de canaux), mais aussi dans le bocage, les haies, les petits bois, les parcs.
Considéré comme migrateur partiel en Europe de l’Ouest. Plusieurs stratégies existent : 42% des nicheurs des Iles britanniques migrent le long du littoral atlantique jusqu’en Afrique du nord. Les populations d’Allemagne, du Bénélux et du tiers Nord-Est de la France sont migratrices, hivernant au sud de l’Espagne et au nord du Maroc et de l’Algérie.
Si l’espèce se maintient uniquement en hiver sur la frange littorale des Hauts de France et de la Normandie, elle est très présente de la Bretagne au Sud-Ouest et sur le pourtour méditerranéen.
En France, le cœur du passage prénuptial s’étend de mi-février à la première décade de mai. Le cœur du passage se produit en moins de trois semaines en mars (du 8 au 28)
Le passage postnuptial commence vers la mi-août pour s’achever vers le 11 novembre ; le cœur de la migration étant entre le 22 septembre et le 18 octobre.
C’est une espèce très sensible au froid.
De mœurs diurnes, le Tarier pâtre peut être observé toute la journée, perché, au sommet d’un piquet, d’un buisson, d’une herbe haute, sur une clôture ou sur un fil électrique d’où il émet des cris inquiets, tout en battant nerveusement des ailes et de la queue.
Pas franchement familier, il peut s’adapter et s’habituer à un passage fréquent. En général, il reste vigilant et farouche, s’envolant à grande distance pour fuir les gêneurs.
Mais le mâle a aussi le don- lors de la couvaison – d’entraîner l’observateur loin de son nid avec une danse remarquable tout en restant toujours à une distance respectable.
Le chant s’entend de fin février jusqu’en juillet. Une tonalité monotone, des strophes peu sonores et grinçantes alternant des notes claires et rauques.
En revanche son cri d’appel et d’alerte est caractéristique: tsèc-tsèc-ouit-ouit répété comme si on frottait deux cailloux.
Ses ailes courtes et arrondies traduisent sa sédentarité. Son vol est un peu bondissant, onduleux voire papillonnant en survolant son territoire et il pratique aussi le vol sur place pour repérer ses proies.
Il chasse de petites proies à l’affût depuis un poste dominant. Les insectes (coléoptères, diptères, lépidoptères…), les arthropodes (arachnides, myriapodes, etc.), les petits mollusques, vers, voire un petit lézard à l’occasion, etc … composent son alimentation. Selon les sites et les saisons, les Hyménoptères (fourmis) semblent prépondérants en automne et en hiver, d’après l’analyse des contenus de gésiers d’oiseaux hivernants dans la péninsule ibérique, retrouvé morts, qui en contenaient entre 54,3 % et 92,8 %. La part végétale du régime est infime, juste quelques petites graines et baies.
Le Tarier pâtre est monogame et fidèle année après année à son territoire. La saison commence par la pariade (formation ou reformation des couples) dès fin février. Le mâle écarte ses rivaux de la voix par une démonstration d’agressivité en poursuivant les intrus. Le rôle des perchoirs et des postes de guets utilisés par le mâle est prépondérant car ils permettent de fixer les limites territoriales de chaque couple.
La parade nuptiale est un bref vol jusqu’à une 20e de mètres de hauteur tout en chantant. Il peut aussi aborder une femelle en effectuant un vol surplace au-dessus d’elle ou l’approcher à terre en paradant. L’accouplement est bref et intervient 2 à 4 jours avant la ponte du premier œuf.
La saison de reproduction court de mars à août, commençant tôt du fait de la sédentarité de l’espèce et autorisant les couples à mener à son terme deux voire trois nichées successives si les conditions sont favorables.
La femelle recherche un site (talus, bordures de chemins, de fossés, les pieds de buissons etc…) pour construire seule un nid volumineux de feuilles, tiges sèches et de mousse. Un petit tunnel dans la végétation en permet souvent l’accès. Le couple devient très discret dès le début de la ponte. 5 à 6 œufs sont incubés 14 à 17 jours par la femelle seule. Les deux parents nourrissent indifféremment et abondamment en donnant souvent l’alerte. A 15 jours, les jeunes, non volants, s’aventurent hors du nid, sont repérés et nourris par les parents grâce à leurs cris de mendicité entre 5 à 10 jours. Vers le vingt-cinquième jour après la sortie du nid, le lien parental se rompt, étant capables de se nourrir depuis plus d’une semaine.
Une seconde couvée commence, souvent en mai, parfois suivie d’une troisième début juillet.
Le Tarier pâtre est sexuellement mature dès la première année et se reproduit l’année suivant sa naissance. La longévité maximale observée est d’environ 8 ans.
Avec une population nicheuse estimée entre 2 et 4,6 millions de couples en Europe, le statut de conservation du Tarier pâtre est considéré comme favorable.
La tendance européenne connaît plusieurs phases :
En France, la population nicheuse apparaît en léger déclin sur le long terme (-8% de 1989 à 2013) après un fort accroissement entre 1989 et 2002(+71%) qui correspondait à la reconstitution des effectifs après la forte baisse liée aux hivers rigoureux de 1985 & 1987.
La population française nicheuse est estimée entre 200 et 300 000 couples entre 2009 et 2012 avec une tendance stable entre 1989 & 2012 puis un fort déclin de -32% sur la période 2001-2013.
Les hivers froids et rigoureux, comme ceux de 1963-1964, 1985-1986, 1986-1987 et peut-être 2004-2005, provoquent des hécatombes entraînent des disparitions locales temporaires. Ce phénomène ne semble pas poser de problème à long terme.
La disparition des habitats, cause d’un déclin prolongé dans les années 1970 et 1980, représente une menace plus sérieuse puisque la régression des effectifs se produit sur le long terme. Les nouveaux modes de cultures – avec passage d’une polyculture d’élevage associant prairie et bocage sur des parcelles réduites à une agriculture intensive – est à l’origine du déclin. Enfin, le drainage, la fauche des talus de route au printemps – qui constituent souvent le seul habitat disponible pour l’alimentation et la nidification dans certaines zones cultivées – et l’évolution des friches vers des milieux arborescents ou urbanisés sont aussi autant de menaces préjudiciables sur le long terme.