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Triton Palmé - Crédit L. Vallienne

Communiqué – Bretagne Vivante alerte sur l’état de santé des amphibiens en Bretagne : un bilan préoccupant et des enjeux de conservation

Bretagne Vivante alerte sur l'état de santé des amphibiens en Bretagne : un bilan préoccupant et des enjeux de conservation

Plouvien, le 25 février 2025 – Bretagne Vivante, acteur majeur de la protection de la nature et de la biodiversité en Bretagne, alerte sur l’état de santé des amphibiens dans la région. Ces animaux, essentiels à l’équilibre écologique, subissent un déclin préoccupant en raison de la destruction de leurs habitats et des effets du changement climatique. En parallèle, les zones humides, indispensables à leur survie, sont en forte régression. Cette situation souligne la nécessité de poursuivre et renforcer les actions afin de préserver la biodiversité en Bretagne.

Un déclin préoccupant des populations d'amphibiens

Les amphibiens, essentiels à l’équilibre des écosystèmes, font face à des menaces croissantes qui mettent en péril leur survie. Parmi les principales causes de ce déclin figurent la destruction de leurs habitats naturels, souvent liée à l’urbanisation, la fragmentation des paysages, l’intensification agricole et la disparition des zones humides. L’artificialisation des sols et la fragmentation des milieux isolent ces espèces, rendant leurs déplacements difficiles et limitant leur accès aux ressources nécessaires à leur reproduction et à leur alimentation. Incapables de parcourir de grandes distances, les amphibiens souffrent particulièrement de ces altérations, ce qui accentue leur déclin et souligne l’urgence d’agir pour protéger leurs habitats.

Les amphibiens bretons se divisent principalement en deux groupes

  • Les anoures : Leur corps est généralement compact, sans queue, avec des pattes souvent palmées et adaptées au saut ou à la nage. Les larves aquatiques, appelées têtards, possèdent une queue. Ce groupe inclut les grenouilles, crapauds et rainettes.
  • Les urodèles : Ces amphibiens possèdent un corps allongé avec une queue et quatre pattes de même longueur. Les larves aquatiques sont munies de branchies externes et ressemblent à des adultes miniatures. Ce groupe comprend les tritons et les salamandres.

Les amphibiens en Bretagne

La Bretagne abrite 15 espèces d’amphibiens*, parmi lesquelles des grenouilles, tritons, salamandres, etc. Toutefois, plus de trois quarts (12)** de ces espèces connaissent un déclin à l’échelle nationale, avec une baisse estimée de 30 % des populations en seulement 15 ans. Ces chiffres alarmants soulignent un affaiblissement de la biodiversité locale et révèlent un mal-être écologique.

* La salamandre tachetée, le triton alpestre, le triton palmé, le triton ponctué, le triton marbré, le triton crêté, la grenouille rousse, la grenouille agile, les grenouilles vertes, le crapaud commun, le crapaud calamite, l’alyte accoucheur, le pélodyte ponctué, la rainette verte, la grenouille de Lessona.

** Les espèces bretonnes d’amphibiens : 15 espèces, dont 12 en état de conservation défavorable soit 80,0% des connues (sources – OEB – Observatoire de l’environnement en Bretagne.

Triton palmé - Crédit L. Vallienne

Le saviez-vous ?

Les amphibiens sont les premiers vertébrés à avoir tenté et réussi l’aventure hors de l’eau, ils occupent une place essentielle dans les écosystèmes. Leur nom, “amphibios”, venant du grec “double vie”, reflète leur mode de vie unique : une grande partie de leur existence se déroule dans deux milieux différents, l’eau (sous forme de larves) et la terre (en tant qu’adultes). Ils jouent un rôle clé dans la régulation des populations d’insectes et la qualité de l’eau.

Des pontes de plus en plus précoces

Pont de grenouille agile - Crédit L. Vallienne

L’impact du réchauffement climatique sur les amphibiens se traduit par des comportements atypiques, tels que des pontes de plus en plus précoces. Certaines espèces de grenouilles, sensibles aux variations climatiques, commencent leur reproduction dès les premiers jours de l’année. Cette avancée des pontes perturbe l’équilibre naturel et menace les cycles de reproduction des amphibiens. En outre, les conditions de vie des larves sont modifiées, avec des températures de l’eau parfois trop élevées pour leur développement. Ce phénomène, déjà observé, pourrait avoir des répercussions graves sur l’ensemble des populations d’amphibiens, fragilisant leur survie en désynchronisant les périodes de reproduction et les disponibilités alimentaires.



Où et quand observer les amphibiens en Bretagne ?

La période optimale pour observer les amphibiens s’étend sur les six premiers mois de l’année, lors de la reproduction de nombreuses espèces. Un climat doux et humide favorise leur activité, tandis que le froid, la chaleur excessive ou la sécheresse ralentissent leur métabolisme. Étant donné que de nombreuses espèces sont principalement nocturnes, les observations sont plus efficaces la nuit.

Les amphibiens peuvent être observés dans une grande diversité de milieux naturels, tels que les mares sans poissons, les queues d’étangs, les carrières, les lagunes littorales, les ornières forestières, les fossés, les prairies humides, ainsi que dans les jardins. Il convient de souligner que les habitats de reproduction varient selon les espèces.

Zones humides en péril : un constat préoccupant

Les zones humides bretonnes, essentielles à l’équilibre écologique, connaissent également un déclin inquiétant. Ces écosystèmes, véritables réservoirs de biodiversité, couvrent actuellement 8,8 % du territoire breton. Toutefois, plus de 61 % des zones humides ont déjà disparu. De plus, 21 % du territoire est couvert par des zones humides dites “potentielles“, des zones qui pourraient être des refuges pour la faune et la flore si elles étaient préservées.

Les zones humides jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes : elles contribuent à la purification de l’eau, régulent le cycle de l’eau et atténuent les effets du changement climatique. Cependant, leur disparition, trois fois plus rapide que celle des forêts, met en péril toute une chaîne alimentaire et l’habitat de nombreuses espèces, dont les amphibiens. La préservation de ces zones est donc indispensable pour maintenir la biodiversité, atténuer les effets du réchauffement climatique et garantir des services écosystémiques vitaux.

Focus site des Landes de Lanveur : un exemple à suivre

La réserve des Landes de Lanveur illustre parfaitement comment la conservation peut se concilier avec les activités humaines. Ce site naturel, accessible au public, joue un rôle clé dans la sensibilisation à l’importance des zones humides et à la nécessité de les protéger. Par les actions de suivi et de restauration menées par Bretagne Vivante, il devient un lieu d’observation essentiel pour les amphibiens et d’autres espèces menacées.

Dans ce contexte, les Landes de Lanveur à Plouvien occupent une place centrale. Avec ses 27 hectares, ce site offre un habitat précieux pour les amphibiens, combinant milieux aquatiques et terrestres indispensables à leur cycle de vie. C’est également l’un des sites sur lequel Bretagne Vivante déploie un POPAmphibien***, un protocole national de surveillance des populations d’amphibiens.

*** Il s’agit d’un protocole édité et piloté à l’échelle nationale par la Société Herpétologique de France. Son objectif est d’évaluer l’évolution des populations d’amphibiens. Le protocole est déployé sur une soixantaine d’aires en Bretagne, intégrant 350 sites aquatiques suivis.

Un enjeu de préservation pour l’avenir

Face à la disparition des amphibiens et des zones humides, il est impératif de renforcer les actions de conservation et de restaurer les écosystèmes menacés. Protéger ces habitats et leurs habitants est essentiel non seulement pour les amphibiens, mais aussi pour l’équilibre global de la biodiversité. Les actions de terrain menées par Bretagne Vivante, à l’image du suivi au site des Landes de Lanveur, montrent qu’il est encore possible d’agir pour inverser le déclin.

Agir pour la préservation des amphibiens

Chacun peut contribuer à la préservation des amphibiens en partageant ses observations. Lorsqu’une espèce est identifiée ou que des pontes sont repérées, il est possible d’enregistrer ces informations via deux outils :

  • Faune-bretagne.org : un carnet d’observations en ligne, géré par Bretagne Vivante et d’autres associations. Il suffit de créer un compte pour y saisir et consulter les données.
  • NaturaList : une application mobile qui permet d’enregistrer directement sur le terrain des observations, intégrées ensuite à Faune Bretagne.

Ces contributions permettent de collecter des données précieuses pour évaluer la répartition des espèces et les enjeux de leur conservation.

Contact presse
Aude Messager – Rond Vert
aude@rondvert.com
06 29 15 89 91

Contact Bretagne Vivante
Lise Vallienne
lise.vallienne@bretagne-vivante.org
07 86 49 04 59

Plus d’informations : https://www.bretagne-vivante.org/