Kannerez dour
Admirant en cette fin mars les cerisiers en fleurs près des remparts de Vannes où coule la Marle, mon oreille est sollicitée par un cri émis en vol, un “tjip” sonore et résonnant. Vite, je repère un oiseau effilé déambulant tranquillement sur la berge en hochant une longue queue de haut en bas.
En voyant le jaune soufre du ventre, le manteau gris et la tête gris-cendré, les deux larges moustaches blanches bordant la bavette noire, c’est bien un mâle de Bergeronnette des ruisseaux en plumage nuptial. J’arrive à voir son œil sombre entouré de deux arcs oculaires blancs. Celui de dessus se fond dans le net sourcil blanc. Le bec fin, caractéristique des insectivores, est noir. À noter, un dimorphisme sexuel avec la femelle, qui elle est plus terne et a la gorge blanche.
Assez commune près de l’eau en mouvement avec des rochers ou un habitat semblable, en allant des torrents de montagne aux barrages dans les parcs périurbains et du niveau de la mer à la limite des arbres.
La bergeronnette des ruisseaux niche à proximité des eaux vives, des cours d’eau rapides, construisant son nid dans une anfractuosité ou une saillie de pont au-dessus du fleuve. Mais
elle peut aussi s’installer loin de l’eau (2 kms) pourvu que le site lui convienne.
En-dehors de la période de reproduction, elle fréquente une variété d’habitats et migre vers les plaines où elle peut être observée sur les côtes et dans les estuaires, les stations d’épuration, les chemins forestiers, les cours des fermes et, à l’occasion, en centre-ville.
Un « tzip » répété, dur et abrupt, est émis en séries qui se terminent par un trille « tzii-tz-tzi-tzi-tzee-ree-ree-ree ». Le mâle pousse ce cri pendant le vol nuptial, une descente « en parachute » effectuée pendant les parades.
Le chant est une série de phrases mélodieuses et de trilles ténus entrecoupés de cris tremblotants. Ce chant est émis depuis un perchoir, mais aussi en voltigeant au-dessus des cours d’eau.
>> Écouter le chant de la Bergeronnette des ruisseaux
L’espèce est largement distribuée dans la Région Paléarctique, et les populations nord européennes se déplacent habituellement vers le sud de l’Europe et l’Afrique du Nord après la reproduction en novembre.
En Bretagne, elle est globalement sédentaire. Les nicheurs d’altitude hivernent dans les vallées, rejoint par des individus de plaine effectuant des déplacements locaux. Les
populations septentrionales migrent vers l’Europe de l’Ouest.
La Bergeronnette des ruisseaux se nourrit en marchant tout en picorant, en courant ou en volant sur une courte distance pour capturer des insectes comme des mouches adultes, des éphémères et des Coléoptères, ainsi que des crustacés et des mollusques.
Elle s’élance aussi en vol au-dessus de l’eau depuis un perchoir tout en voltigeant pour les attraper et elle capture aussi des proies aquatiques en pataugeant dans une eau peu profonde.
La Bergeronnette des ruisseaux est monogame, très territoriale à la saison de reproduction. Le mâle effectue des parades aériennes comprenant des vols courts dans les airs suivis d’une descente lente « en parachute » pendant laquelle les plumes jaunes du croupion sont dressées tandis que la queue et les ailes déployées sont abaissées. Ces parades sont accompagnées de séries rapides composées de notes aigües.
De début avril à août, l’espèce effectue deux couvées de 4-6 œufs brillants, de couleur crème avec des taches gris chamoisé, incubés pendant 11 à 13 jours surtout par la femelle. Les deux parents nourrissent les poussins pendant 12-13 jours et encore deux ou trois semaines après avoir quitté le nid. Le mâle peut s’en occuper seul si la femelle a entamé une nouvelle couvée.
A noter qu’elle peut utiliser des nichoirs de type semi-ouverts placés à faible hauteur au- dessus d’un cours d’eau ou sous un pont..
La tendance de la population européenne est stable sur le long terme (1980/2012) comme depuis le début du XXIe siècle malgré un déclin récent (-18 % entre 2003 et 2012).
La population nicheuse française est estimée entre 50 et 100 000 couples, et semble stable.
L’Atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne (2004-2008) note une augmentation de 36 % des carrés prospectés, qui ne semble pas uniquement liée à une amélioration de la prospection.
Espèce peu exigeante, capable de profiter des installations humaines et des zones urbaines, elle n’est donc confrontée à aucune menace sérieuse, même si les crues, les remembrements et le drainage agricole semblent localement affecter son succès reproducteur. La Bergeronnette est surtout affectée par les hivers rigoureux la privant de nourriture.
Elle bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981.