Depuis le siècle dernier, le bocage breton, véritable patrimoine régional, continue de disparaître. Aujourd’hui, malgré des programmes d’aides pour planter des haies comme Breizh bocage, le linéaire de haies régresse toujours sous l’effet des arrachages et du fait de leur vieillissement. En effet, n’étant plus intégrées dans le modèle agricole dominant, les haies ne sont plus pourvues des jeunes arbres qui permettront d’assurer leur renouvellement. Non seulement cela génère une mutation profonde des paysages bretons, mais cela affecte aussi la biodiversité, le cycle de l’eau et finalement nuit à l’agriculture elle-même.
Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français. L’office français de la biodiversité (OFB) recensait la disparition de 750 000 km de haies vives, arrachées sous l’effet conjoint du remembrement agricole et du déclin de l’activité d’élevage au profit de la céréaliculture intensive. Une étude Agreste de 2014 montre que la surface en haies et alignements d’arbres en France métropolitaine est en constante diminution, avec une baisse de 6 % depuis 2006 (Sénat, 2019).
Les haies étaient autrefois courantes dans le paysage breton, utiles pour l’agriculture et riches de biodiversité. Mais du fait des nouvelles pratiques de l’agriculture industrielle, des centaines de milliers de mètres linéaires de haies ont été coupées, rien qu’en Bretagne (et beaucoup plus dans toute la France).
En 2008, il restait moins de 182 500 km de talus et haies bocagères en Bretagne, 60 % du linéaire de bocage a disparu de Bretagne entre 1960 et 1980 puis a continué à décroître de 12 % entre 1996 et 2008 (Source : enquête régionale de la Draaf Bretagne).
Si les haies disparaissent, c’est que les agriculteurs, de moins en moins nombreux, manquent de temps pour les entretenir et vont au plus vite en créant de grandes parcelles.
Au moment où le Conseil Régional et l’Etat font le bilan de Breizh bocage, Bretagne Vivante appelle à une véritable prise de conscience et une mobilisation de tous sur l’importance du bocage breton. Dans un contexte de réchauffement climatique, d’érosion des sols, de pollutions des eaux, de perte d’habitats pour la biodiversité, la disparition du bocage est un enjeu fondamental pour la Bretagne.
Force est de constater que les politiques régionales, pourtant dotées de fonds importants, ne suffisent pas à enrayer cette disparition.
Malgré tous les bénéfices des haies et les communications sur l’intérêt de leur sauvegarde, de trop nombreuses collectivités territoriales évitent le sujet et de nombreux propriétaires de maisons arrachent celles de leurs jardins pour les remplacer par des murs en parpaing.
Ce dernier phénomène est très frappant, depuis quelques années, dans les lotissements en Charente-Maritime où les résidents se murent littéralement de plus en plus et détruisent les haies qui apportaient un peu de biodiversité en ville.
Voici quelques conseils pour oeuvrer en faveur des haies :
Outre l’action individuelle, Bretagne Vivante demande aux acteurs publics, et en particulier aux collectivités territoriales, de développer de vrais programmes d’action sur le bocage, avec les agriculteurs, les habitants et les associations environnementales, au bénéfice de tous.
Fin novembre est le meilleur moment pour planter des haies, en dehors de période de gel ou de sécheresse. De nombreux sites donnent des conseils de jardinage !
Pour le choix des arbustes, il sera fonction de la nature de votre terrain mais aussi de la hauteur que vous souhaitez voir votre haie atteindre. Préférez des mélanges d’arbustes aux haies composées d’une seule essence, et privilégiez les variétés locales, qui seront bien adaptées à votre terrain. Puis les haies, selon les essences que vous choisirez, c’est aussi une source de nourriture : vous pourrez faire de délicieuses tartes ou confitures avec les mûres ou avec les baies de sureau !
Particuliers, agriculteurs, collectivités, conservez le bocage et plantez des haies avec des essences locales adaptées à notre région !